Conscience du Réel — Conclusion — Sylvain Lebel

Conclusion

Ce modèle n'est certainement pas parfait, mais il expose un univers qui n'est pas un espace vide peuplé d'objets séparés, mais une seule substance en transformation continue, qui s'organise en réseaux, en vortex, en formes, en mémoires, en consciences — et finalement, en mondes. Nous ne serions pas des êtres extérieurs à cette dynamique, mais ses expressions locales, ses foyers provisoires de complexité.

Tout ce que nous appelons " matière ", " énergie ", " espace " ou " temps " ne serait qu'une manière pour CELA — la substance du réel — de se disperser, de s'étendre, de se contracter, de s'explorer elle-même sous les contraintes de sa propre dynamique. Ce que nous appelons " lois de la physique " seraient les conséquences de cette dynamique interne, ordonnée par la nécessité de réduire les tensions. Même la conscience, dans ce cadre, n'apparaît pas comme un miracle, mais comme le moyen naturel pour CELA de se percevoir, se réguler, s'orienter.

Cela ne rend pas la vie moins mystérieuse, mais différemment mystérieuse. L'existence ne serait plus une étrangeté au cœur du vide, mais l'émergence d'un sens interne à la réalité, un sens qui ne serait pas donné de l'extérieur, mais conquis de l'intérieur, par l'organisation de plus en plus subtile de cette substance originelle.

La matière, en ce sens, n'est qu'un tremplin. Le vivant, une bifurcation. Et l'esprit, peut-être, l'outil par lequel CELA apprend à faire retour vers elle-même. Si l'univers est une dynamique auto-organisatrice, alors ses produits les plus complexes n'en sont pas les anomalies, mais les points d'inflexion : là où l'intérieur du réel cherche à se redéployer consciemment.

Ce modèle ne prétend pas expliquer tous les phénomènes, ni évacuer le mystère. Il propose seulement une cohérence nouvelle entre ce que nous percevons, ce que nous pensons, et ce que nous sommes. Il affirme que la complexité du réel n'est pas accidentelle, mais nécessaire ; que l'ordre du monde n'est pas imposé de l'extérieur, mais induit de l'intérieur ; et que l'étrange accord entre l'univers et l'intelligence humaine n'est pas une coïncidence, mais peut-être, une co-émergence.

Reste alors à vivre en accord avec cette vision : non comme des êtres séparés, mais comme des centres de transformation dans le corps mouvant du réel.