Conscience du Réel — Notes de l'Auteur — Sylvain Lebel

Notes de l'Auteur

Je ne suis ni philosophe diplômé, ni physicien de métier. Je suis un homme de 58 ans, sans formation académique, vivant avec un trouble bipolaire de type 1. Dit autrement : je suis un autodidacte, animé d'un besoin irrépressible de comprendre ce qui fonde la réalité, et traversé par des états de conscience qui ont bouleversé ma perception du monde.

Ce trouble, qui m'handicape à bien des égards dans la vie quotidienne, m'a aussi ouvert l'accès à ce que certains nomment des expériences mystiques ou des états modifiés de conscience. Ces états intérieurs m'ont permis d'entrevoir ce que j'ai nommé CELA — une substance fondamentale, unique, dynamique, qui génère l'espace, le temps, la matière, la conscience, et tout ce que nous appelons "réel". Cette perception première n'a rien d'une croyance : elle m'est apparue avec la même évidence que le changement que nous percevons tous. Guidé par mes expériences, j'ai entrepris de tirer les conséquences métaphysiques, puis physiques, puis cosmologiques, de cette seule certitude : quelque chose change.

Mon cheminement n'est pas une simple intuition. Il repose sur une longue série de déductions, de comparaisons, de tentatives de modélisation que j'ai menées seul, avec les outils de l'imaginaire rigoureux. S'il est vrai que je n'ai pas reçu l'instruction classique, j'ai puisé mes repères dans une autre forme d'équilibre : celui des trois sens spirituels que j'ai appris à reconnaître en moi — le sens conservateur, le sens socialiste et le sens libéral — et qui, lorsqu'ils sont en tension équilibrée, permettent une vision plus juste, plus complète, du réel.

C'est cet équilibre intérieur qui m'a, je crois, permis de percevoir une image plus correcte de CELA, non filtrée par l'hégémonie d'un seul de ces sens. Mais cette même harmonie me prive aussi de la puissance que chacun de ces sens procure à ceux qui les portent pleinement. Par exemple, je perçois moins nettement que le conservateur ce que la tradition protège, moins vivement que le socialiste ce que l'injustice détruit, moins intensément que le libéral ce que la liberté libère. J'ai mes forces, mais je n'ai pas les leurs. Et c'est sans doute cela qui me rend brouillon, incertain parfois, hésitant dans la formulation de mes idées. Mais je m'efforce de transmettre ce que j'ai vu, du mieux de mes possibilités.

Je ne prétends pas que tout dans ce modèle soit juste. Il y a des incohérences, des trous, des intuitions encore brutes. Mais je crois que l'ensemble dessine une cosmologie cohérente, enracinée dans une métaphysique du changement, et qu'elle peut enrichir notre compréhension du monde — ou, au minimum, nous inviter à le regarder autrement.

J'offre ici cette pensée comme on offre un manuscrit trouvé dans une bouteille : non pas comme une vérité absolue, mais comme un effort sincère de relier l'intuition du fond des choses à la complexité du réel.

J'ai consacré la moitié de ma vie à ce travail. Je vais maintenant me reposer.

— Sylvain Lebel